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La tribune


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Ils sont tous alignés à la tribune. Tous. Une dizaine d’hommes, pas une femme. Voilà qui donne une idée de ce qu’ils pensent de nos métiers. Ils sont à la tribune, ces hommes. Pour moitié ils ne sont pas artisans. Pour moitié ils n’ont jamais tenu un outil en main. Mais ils savent. Ils savent mieux que les artisans ce qui est bon pour les artisans. Parce qu’ils sont comme ça, ces hommes à la tribune. Depuis qu’ils sont nés, ils savent. Ils savent pour les autres ce qui est bon pour eux. Et ils sont là, à la tribune, et ils ne voient pas combien c’est condescendant, quand on n’est pas artisan, d’expliquer aux artisans ce qu’ils doivent faire. A la tribune, ils disent qu’ils sont soutenus par tous les syndicats d’employeurs. Ils connaissent si mal les artisans qu’ils oublient de dire que ni la CAPEB, ni l’UPA, ni AUCUN des 40 syndicats d’artisans qui sont hébergés à la Maison de l’artisan ne les soutient. Mais ils s’en fichent parce que, dans leur logiciel, à ces messieurs à la tribune, ce qui compte c’est surtout d’avoir le soutien du MEDEF. Et c’est vrai, ils sont soutenus par le MEDEF mais ça, étrangement, ils ne le disent pas aussi franchement. C’est vrai qu’assumer ce qu’on est, ce qu’on pense, ça n’est pas leur fort, aux messieurs à la tribune. Particulièrement à celui au milieu. Lui a voulu être président de la chambre de métiers il y a dix ans. Il a perdu. Il a connu une trajectoire professionnelle exotique, faite de projets industriels espagnols et de dépôt de bilan. Il a voulu être maire de Céret il y a deux ans. Il a perdu. Alors tout bien réfléchi il voudrait bien à nouveau être président de la chambre de métiers, parce qu’il faut absolument qu’il arrive un jour à être élu quelque part. Et tous ces messieurs à la tribune, qui n’ont jamais tenu un outil de leur vie, qui ne votent pas à ces élections, mais qui savent, eux ont pensé que oui, pour représenter les artisans, c’était très bien. Mais pas pour venir avec eux à la CCI. Faut pas exagérer !... Mais pour les artisans, oui, ça sera très bien. Le perdant magnifique. Et puis, on a vu sa docilité. Personne n’a oublié comme il s’était répandu dans la presse pour demander pardon. "Pardon Hermeline", "pardon Christian". La veille il promettait de murer Perpignan. Le lendemain : "pardon tout le monde, je recommencerai pas". Avec des convictions comme ça, on peut être sûr qu’il sait reconnaître la voix de son maître.

Et puis à la tribune, tous ces hommes, entre eux, devaient se sentir très à l’aise. PLa preuve, au bout d’un moment, l’un d’entre eux a carrément lâché, devant la presse, à la tribune, que lui, il faisait venir des roumains et des marocains par bus. Des convois. Hop hop hop ! Par ici les roumains ! Par ici les marocains ! Ils étaient là pour parler des métiers, ils ont finalement fait la promotion du travail détaché. Tout un programme ! Définitivement pas notre vision de l’Artisanat.

Parce que la Chambre de métiers a été extrêmement bien gérée par Robert Bassols et son équipe, elle aiguise à nouveau les appétits. Cet argent, qui doit servir aux artisans, aux formations de demain, aux services toujours améliorés, ils aimeraient bien mettre la main dessus. Pourquoi tous ces messieurs qui ne sont pas artisans, qui ne voteront pas, s’impliquent autant dans cette campagne ?  Parce qu’ils aimeraient bien fusionner tout ça ! Comprenez : combler leurs trous avec nos produits. Et au bout du compte, il faut être un peu naïf pour imaginer que ces messieurs qui savent tout, qui ont tant de temps à consacrer à une élection qui ne les concerne pas, sont là par pure générosité. Il faut être bien naïf pour ne pas voir qu’à la fin, leur projet, chez nous comme partout où ils mettent un pied, c’est de se servir et de laisser les miettes aux petits, aux artisans, à ceux qui ont tant besoin de leurs lumières pour savoir quoi faire. Ces gens qu’on n’a jamais vu et qui sortent tous les cinq ans pour se montrer, à la tribune.

Robert Massuet, Président UPA 66